Sunday, April 4, 2021

Discussion sur le secteur bancaire avec Bob Nzoimbengene, Partner chez Deloitte.

Une fois n’est pas coutume, l’analyse du secteur bancaire sera faite cette fois-ci par un ancien banquier. J’ai le plaisir d’accueillir mon bon ami Bob Nzoimbengene, Partner chez Deloitte. Pour ceux qui ne le savent pas encore, Deloitte publie chaque année une étude très détaillée (pour la dernière étude, veuillez cliquer ici) sur la situation du secteur bancaire et il est toujours très intéressant pour les professionnels du secteur d’avoir une perspective extérieure.  

Hervé OTSCHUDI :  Alors Bob, comment se porte le secteur bancaire congolais ? 

Bob David NZOIMBENGENE : Sur le plan purement de la performance vue à travers les indicateurs clés, j’estime que le secteur bancaire congolais se porte bien. Il continue à réaliser des performances très appréciables. Saviez-vous que le secteur bancaire congolais a réalisé une croissance de son résultat net après impôt de plus de 300% en douze ans ? Son résultat net est passé de 7 MUSD (en 2008 année marquée par l’implantation de plusieurs banques) à 28 MUSD (en 2019). 
Le seul bémol est l’instabilité de ce résultat, qui a évolué en dents de scie durant les dix dernières années, au point d’atteindre même les résultats globaux négatifs en 2016 et 2017, pour remonter 66 MUSD en 2018.
Par contre, les autres indicateurs tels que la mobilisation des dépôts, la création de la monnaie et la création de la richesse (PNB) évoluent en augmentation chaque année. Ces indicateurs enregistrent des taux de croissance à deux chiffres presque chaque année. 
Malgré ces résultats, nous pensons que le secteur bancaire congolais peut faire mieux que sa performance actuelle. En effet, suivant une étude scientifique réalisée, qui sera publiée très bientôt, le jour où nous parviendrons à réduire sensiblement le volume des transactions en espèces dans notre pays et par ricochet à atteindre un taux de bancarisation de plus 30%, la taille du secteur bancaire congolais et son résultat net vont quintupler. 

Hervé OTSCHUDI : Quel a été l’impact de la COVID sur l’activité des banques congolaises ?

Bob David NZOIMBENGENE : Comme indiqué dans notre étude (Deloitte RDC) sur le secteur bancaire congolais, la crise sanitaire de la COVID 19 a impacté négativement le secteur bancaire congolais, qui a enregistré une baisse de ses commissions reçues notamment du fait de la réduction des dépenses de consommation et une chute des revenus d’intérêt du fait de la stagnation du tirage sur les lignes de crédit et de découvert (les activités étant en baisse) et de la réduction des transactions. Ce qui a comme conséquence la baisse du Produit Net Bancaire des acteurs. Aussi, nous avons noté une baisse de la qualité du portefeuille des banques, augmentant ainsi le niveau de provisions à constituer, malgré quelques mesures d’assouplissement du régulateur. Cependant, on a noté une appréciation du coefficient d’exploitation de certaines banques.

Hervé OTSCHUDI : Est-ce que, selon toi, les mesures prises par la BCC ont permis d’atténuer l’impact (négatif) de la pandémie sur l’activité bancaire ? Si oui, de quelle manière ? 

Bob David NZOIMBENGENE : La Banque Centrale du Congo a réagi rapidement pour soutenir les banques établies en RDC, en prenant un certain nombre de mesures dont notamment la baisse du taux de la réserve obligatoire sur les dépôts à vue en monnaie nationale (de 2 à 0 %), le report, au mois de janvier 2022, de l’entrée en vigueur des dispositions relatives au relèvement du niveau du capital minimum des banques à l’équivalent en CDF de 50 MUSD, la non limitation du nombre de restructurations ou de rééchelonnements des créances tombées en souffrance durant la crise de COVID-19 et l’imposition aux banques de suspendre l’application des pénalités sur les créances en souffrance pendant crise. 
A mon avis, toutes ces mesures n’ont pas d’impact significatif sur l’activité et la performance des banques. Néanmoins, elles ont un impact sur la conformité des banques à certaines instructions de la Banque Centrale du Congo.

Hervé OTSCHUDI : Certains changements règlementaires. Quels sont les changements qui auront un impact direct sur les clients (particuliers comme entreprises) des banques ? De quelle manière ? 

Bob David NZOIMBENGENE : Nous pouvons répertorier ici deux changements importants :

  • La non-limitation du nombre de restructurations ou de rééchelonnements des créances tombées en souffrance durant la crise de COVID-19 et l’imposition aux banques de suspendre l’application des pénalités sur les créances en souffrance pendant la crise constitue une vraie opportunité pour les clients en difficulté, de solliciter le rééchelonnement ou la restructuration de leurs crédits auprès de leurs banquiers. De la même manière, Ces clients vont bénéficier de la mesure relative à la non-application des pénalités de retard. Ce qui impacte positivement leur trésorerie et leur résultat financier de la période.

  • Et le seconde est le rappel à l’ordre faite aux banques concernant le paiement de toute somme en francs congolais ou autre globalement égale ou supérieure à 10 000 dollars américains, qui ne peut pas être acquittée en espèces ou par titres au porteur. Malgré la dérogation prévue à l’instruction 15Bis de la BCC, les clients des banques devraient elles-mêmes veiller au respect strict de cette disposition. Car en cas d’inobservance, ils peuvent également être sanctionnés. D’où l’intérêt de limiter les transactions en espèces et de privilégier les transactions (paiements et recouvrements) via le circuit bancaire. 

Hervé OTSCHUDI : Comme tu l’as dit précédemment, cette dernière mesure devrait donner un coup de fouet au secteur bancaire. En effet, fini (officiellement) les achats en cash de propriétés à plusieurs millions de dollars… 
Merci Bob d’avoir pris le temps de répondre à mes questions qui, j’en suis sûr, auront permis à nos lecteurs d’avoir une meilleure compréhension de l’état du secteur bancaire dans notre pays. 

Thursday, March 18, 2021

Central Bank of Congo (BCC) has cut interest rate to 15,5%. This is good for investment! Right? hmmmm let's see...

Last week, the BCC has reduced its Prime Rate from 18,5% to 15,5% taking into consideration the positive progress made regarding inflation and FOREX. 

As usual, I have received comments from people with good knowledge of economic theory (not being sarcastic here), telling me how great the news is for investments as banks are going to reduce their own interest rates, which makes sense... in theory.

Below are the two declared objectives of the BCC when reducing the rate:

The first one is to ensure credit is more affordable and accessible to economic agents by reducing the price of money. This should stimulate investment and boost growth by increasing production with the corollary of job creation and consumption

This is only possible thanks to the second objective. Indeed, thanks to this rate reduction, commercial banks will now be able to refinance themselves at a lower from the BCC. Indeed, it is expected from banks to pass on this drop, and reduce the rates charged to their own customers in order to encourage the demand for loans.

As a local banker, let me tell you what is going to happen. For several banks, interest rates charged to customers are flat and will only vary at renewal. Therefore, only new credits could enjoy lower rates. Other banks interest rates are directly link to the BCC rates (BCC rates + margin). In this case, the impact will be immediate. 

All good right? Interest rates charged by banks will decrease eventually, investment will rise blablabla…  

Well, now we need to ask ourselves the most important question of them all. In which currency people borrow in our beloved country? If you read this blog, you already know that our economy is highly dollarized and that more than 90% of banks credit portfolio are in US dollars! 

As a result, the impact of this change will mainly impact the remaining 10% that are usually civil servants’ consumer loans, governmental or local entities that needs to pay salaries, etc. 

The only way for this mechanism (BCC rates transferred to customers through banks) to work is for commercial bank to be indebted to the BCC in the same currency their customers borrow. 

It is worth noting that while CDF rates stand at 15,5% + a margin (I know but banks need to pay salaries too), rates in USD for Corporate customers (the one making the big CAPEX) are on an average at 8%. Consumer and commercial loans are also already cheaper in USD than in CDF. Why would people borrow in CDF if they are offered a choice?...

I argue, once again, that our monetary policy is impotent… but those are only my conclusion…



Sunday, March 7, 2021

The DRC economy blog is back!!!

Two years ago, I wrote my last article, and I had no intention to restart writing on the DRC economy for a simple reason: It is too depressing! We usually go from one bad news to another… 

In the meantime, I have received several messages from people I know and even from complete strangers that didn’t understand why I stopped and insisted that they would like me to continue writing simple but relevant analyses on our economy. So here we are…

Soooooo did things improve since my last article two years ago? Let’s see…

When we look at the indicators, it is not brilliant. The Congolese Franc went from 1600 to 2000 to the dollar, this represents a 25% depreciation in two years. The inflation rose to 15,704% according to the Central Bank of Congo (BCC) which is quite high. The BCC prime rate rose to 18,75% p.a., making the real interest rate positive for the first time since the inflation started skyrocketing, which is a good thing for investors in Congolese Francs. 

I know, I know, you are going to tell me that this is all COVID fault but actually this performance was registered before the pandemic started and I have to admit that since the beginning of the pandemic, the depreciation and the inflation are relatively well contained. 

Despite the effects of this pandemic that has destroyed most of the economies in the Western World, it seems that we have managed to avoid our first recession in 20 years!!! Hurray!!! According to the BCC preliminary computation, the GDP should grow by 0,8% in 2020 and by 3,2% in 2021 thanks to a very strong performance of the mining industry (forever our savior unfortunately- read past articles here). 

According to a BCC survey, Congolese businessmen are more and more optimistic about the perspectives of the DRC economy, which is a very good sign. 

On a good note, the copper hit a nine-year peak of US$8,806.50/t on February the 19th. As you know, DRC is the main producer of the metal in Africa and despite the fact that analysts think the fundamentals behind this surge have disappeared, we expect a positive impact on the meager DRC international reserves that currently stand at US$ 693 million. 

In a country where the politics has an immense (usually negative) impact on the economy, we can’t wait to discover the members of the cabinet of the new Prime Minister. The new government is expected in the coming days and its composition as well as its size will give us an indication of the direction we are heading to. 

As you can see, I didn’t respond to my own question. I will let each reader respond for himself…

To be continued…  


Discussion sur le secteur bancaire avec Bob Nzoimbengene, Partner chez Deloitte.

Une fois n’est pas coutume, l’analyse du secteur bancaire sera faite cette fois-ci par un ancien banquier. J’ai le plaisir d’accueillir mon ...